14 Juin. « Avaler des couleuvres » : d’où vient cette expression ?
Bien qu’elle soit une espèce non venimeuse, la couleuvre n’en demeure pas moins un serpent. Comment peut-on en venir à en avaler ? Investigation.
Sens de l’expression
La locution verbale « avaler des couleuvres » possède aujourd’hui une double signification. On l’utilise pour caractériser le comportement d’une personne qui supporte toutes sortes d’affronts sans se plaindre. Elle s’emploie également pour dire que quelqu’un accepte comme des vérités les propos les plus ineptes.
Origine de l’expression « avaler des couleuvres »
Une première explication de la locution la fait naître à une certaine époque où les anguilles étaient de grande consommation. Jouant sur la ressemblance de ce poisson avec le serpent, l’on pouvait servir une couleuvre à un convive contre qui l’on garde une dent. Le malheureux invité ne se rendant compte de rien avalait donc des couleuvres à son insu.
Une autre origine indique que l’expression doit sa naissance à une ancienne signification de couleuvre qui désignait une allusion dissimulée, tortueuse, ayant les sinuosités du serpent ovipare. Au cours de la période de fixation de la langue française, le terme couleur signifiait une apparence trompeuse. Cette similitude de forme et de sens entre les deux termes, couleur et couleuvre, a dû contribuer à la création de la locution « avaler des couleuvres ».
Un exemple
Avec l’auteur de la Comédie humaine, on examine une utilisation concrète de l’expression. Il s’agit d’une phrase tirée des Splendeurs et misères des courtisanes : « Lucien eut le courage des parvenus : il vint là cinq jours sur sept de la semaine, avala gracieusement les couleuvres de l’envie, il soutint les regards impertinents… »
L’essentiel pour Lucien de Rubempré était l’atteinte de ses objectifs, peu importaient les couleuvres qu’il lui fallait avaler. N’est-ce pas là une bonne définition du parvenu ?