9 Déc. Vous complimente-t-on en vous qualifiant de fleur bleue ?
Être fleur bleue, cela n’a rien à voir avec les fleurs hyper ornementales aux couleurs bleues comme l’hortensia, le crocus, l’anémone ou encore la gentiane. Même si vous connaissez la signification de cette expression, êtes-vous sûr d’en maîtriser l’origine ? Lumière sur la question.
Ce que signifie l’expression « être fleur bleue »
À l’examen de la composition de l’expression, on remarque un groupe nominal, « fleur bleue », qui prend la valeur d’un adjectif qualificatif. Cela explique certainement pourquoi certains dictionnaires de langue étiquettent « fleur bleue » comme une locution adjective. Mais d’autres ouvrages désignent le même groupe nominal par adjectif composé.
Quelle que soit sa nature grammaticale, « fleur bleue » possède une signification connue de tous. On désigne ainsi une personne portée à un tel degré de sentimentalité qu’elle en devient naïve. « Être fleur bleue » peut donc être utilisée à bonne part comme elle peut avoir une connotation péjorative. D’où vient cette double nuance du mot ?
Origine de la locution « être fleur bleue »
Une première tentative pour localiser le point de départ de cette expression oriente vers la symbolique des fleurs. Les experts en langage des fleurs savent bien que le bleu pâle traduit une tendresse qui n’est perceptible qu’à certains signes discrets.
Cependant, c’est d’outre-Rhin que nous est venue en réalité cette expression. En Allemagne au XIXe siècle, l’écrivain Friedrich von Hardenberg, plus connu sous le nom de Novalis, laisse inachevée son œuvre Henri d’Ofterdingen. Ce roman éponyme retrace l’aventure d’un poète lyrique en quête d’un idéal qui puisse assouvir sa soif d’amour et de poésie. Henri découvre l’amour en même temps que son art à l’état pur à travers Mathilde qu’il désigne en langue allemande par « fleur bleue ». À l’origine donc l’expression « fleur bleue » renvoie à l’amour et la poésie dans leur sens le plus éthéré. Rien que du beau et du romantique.
Un exemple d’utilisation de l’expression
On retiendra ce morceau de phrase extrait des Beaux Quartiers de Louis Aragon : « …un timide employé de banque, sentimental, prêt à tout croire, épris de petite fleur bleue ». Avec cet emploi de l’expression, n’est-on pas en droit de croire que c’est en France que « fleur bleue » a endossé sa nuance péjorative ?