Le terme de loup est d’une richesse exceptionnelle en matière d’expressions. On le retrouve de nombreux dictons, proverbes et contes. On se propose d’étudier dans ce billet l’une des plus connues des locutions contenant le nom « loup ».
Sens de l’expression
« Avoir une faim de loup » signifie tout simplement qu’on ressent une grande faim, qu’on a très faim.
Étymologie de l’expression « avoir une faim de loup »
Le loup revêt une place importante dans l’imaginaire collectif. Cet animal réputé pour sa voracité serait même porté à manger ses petits pour assouvir sa faim. C’est pourquoi dans les contes et autres récits, il est présenté sous des aspects terribles. On a ainsi le grand méchant loup, l’homme-loup ou encore le démon habillé d’une peau de loup.
Bien que des variantes de l’expression s’utilisent depuis le XVIe siècle, c’est au XIXe siècle que la forme « avoir une faim de loup » est attestée. On rencontre par exemple au XVIIe siècle « manger comme un loup ». Dans tous les cas, on souligne avec ces expressions un appétit vorace.
De nombreuses autres locutions verbales évoquent cette même idée de grande faim. On peut citer « avoir l’estomac dans les talons », « avoir la dalle » ou encore « avoir les crocs ».
Un exemple
On se tourne vers un spécialiste de la faim pour illustrer cette expression. Il s’agit du médecin endocrinologue et diabétologue Jean-Michel Borys. Dans l’ouvrage intitulé L’Obésité et publié en 2007, le chercheur écrit : « En effet, pour tenir jusqu’au repas suivant sans avoir une faim de loup, il faut trouver de l’énergie durable. »
Voilà un emploi bien spirituel de notre expression. Vous ne trouvez pas ?
Cela ne doit pas être un moment de plaisir quand on loge un chat dans la gorge. Mais l’on se plaît à le dire sans façon. Quelle est donc l’origine de cette étrange locution verbale ?
Sens de l’expression
« Avoir un chat dans la gorge » n’a pas d’autre signification que le fait d’être enroué, et de ne plus pouvoir parler ou chanter distinctement.
Origine de l’expression « avoir un chat dans la gorge »
L’enrouement est une situation inconfortable. Il indispose aussi bien la personne chez qui il se manifeste que son entourage. C’est pour s’excuser que l’enroué dit « avoir un chat dans la gorge ». Cependant, tout le monde sait que la chose est impossible. Ce qui est sûr, ce chat se débat pour s’échapper du cadre étroit où il se trouve coincé, d’où vient l’altération de la voix. La seule explication plausible de l’expression nous vient de Pierre Guiraud.
Pour ce spécialiste des locutions françaises, c’est un jeu de mots qui serait à l’origine de la naissance de notre expression. Une confusion notamment entre les termes « matou » et « maton ». Le second désigne les grumeaux du lait caillé et a pu être comparé au liquide glaireux qui obstrue la gorge quand on est enroué. Ce mot est ensuite confondu, en raison de leur paronymie, avec le terme « matou » qui désigne un chat. Par la suite, « chat » s’est substitué à « matou », d’où l’expression « avoir un chat dans la gorge ».
Un exemple
Dans son ouvrage Homosexualité le tabou rural, Benoît Vogel écrit en 2011 : « Combien de fois ai-je observé des personnes se mettre soudain à toussoter, avoir un chat dans la gorge, déglutir ? ».
Les esprits sur le sujet ont bien évolué depuis, c’est un constat qui s’impose.
Est-ce une bonne chose d’avoir ou non la main sur le cœur ? Lire cette petite étude sur l’expression vous fixera.
Sens de l’expression
La locution verbale « avoir le cœur sur la main » signifie qu’on est généreux sans calcul. Elle se dit d’une personne naturellement portée à faire don d’un bien précieux de façon spontanée.
Étymologie de l’expression « avoir le cœur sur la main »
Le cœur figure sans aucun doute parmi les organes qui ont produit le plus grand nombre de locutions en français. Celle qui nous concerne ici se fonde sur la nature des mouvements du cœur. Ceux-ci disent infailliblement si la vie continue de battre ou non dans ce moteur essentiel. Le cœur ne ment donc jamais. Notre expression partage ce sémantisme avec la locution « avoir le cœur sur les lèvres » qui signifie « parler avec sincérité ».
Ainsi, la personne qui a le cœur sur la main est celle-là qui n’hésite pas à donner ce qu’elle possède de plus précieux. En somme, quand vous avez le cœur sur les lèvres, c’est dans vos propos qu’on le saura. Lorsque vous l’avez sur la main, ce sont vos actes de générosité qui le feront voir. Cependant, retenez que l’expression, aujourd’hui inusitée, « avoir le cœur dans (ou dedans) la main » avait pour sens « parler avec franchise ».
Un exemple
Émile Zola nous donne une belle illustration de l’expression dans son roman Nana. On peut y lire en effet ce morceau de phrase : « Désir sentimental d’une vie simple, le cœur sur la main, au milieu d’une bonté universelle ».
« Avoir le cœur sur la main » est une qualité certes, mais l’on ne doit pas s’y perdre. Ayez donc la main sur le cœur, sans vous dépouiller.
Bien qu’elle soit une espèce non venimeuse, la couleuvre n’en demeure pas moins un serpent. Comment peut-on en venir à en avaler ? Investigation.
Sens de l’expression
La locution verbale « avaler des couleuvres » possède aujourd’hui une double signification. On l’utilise pour caractériser le comportement d’une personne qui supporte toutes sortes d’affronts sans se plaindre. Elle s’emploie également pour dire que quelqu’un accepte comme des vérités les propos les plus ineptes.
Origine de l’expression « avaler des couleuvres »
Une première explication de la locution la fait naître à une certaine époque où les anguilles étaient de grande consommation. Jouant sur la ressemblance de ce poisson avec le serpent, l’on pouvait servir une couleuvre à un convive contre qui l’on garde une dent. Le malheureux invité ne se rendant compte de rien avalait donc des couleuvres à son insu.
Une autre origine indique que l’expression doit sa naissance à une ancienne signification de couleuvre qui désignait une allusion dissimulée, tortueuse, ayant les sinuosités du serpent ovipare. Au cours de la période de fixation de la langue française, le terme couleur signifiait une apparence trompeuse. Cette similitude de forme et de sens entre les deux termes, couleur et couleuvre, a dû contribuer à la création de la locution « avaler des couleuvres ».
Un exemple
Avec l’auteur de la Comédie humaine, on examine une utilisation concrète de l’expression. Il s’agit d’une phrase tirée des Splendeurs et misères des courtisanes : « Lucien eut le courage des parvenus : il vint là cinq jours sur sept de la semaine, avala gracieusement les couleuvres de l’envie, il soutint les regards impertinents… »
L’essentiel pour Lucien de Rubempré était l’atteinte de ses objectifs, peu importaient les couleuvres qu’il lui fallait avaler. N’est-ce pas là une bonne définition du parvenu ?