Le nom « tête » est l’un des termes les plus prolifiques en matière de locutions en français. On s’intéresse dans ce billet à « n’en faire qu’à sa tête ». Que signifie-t-elle et quand a-t-elle été utilisée pour la première fois ? Réponse.
Sens de la locution
On dit d’une personne qu’elle n’en fait qu’à sa tête pour indiquer qu’elle n’agit que selon sa fantaisie. Même quand on lui donne des conseils, des consignes à suivre, elle ne les prend pas en compte.
Étymologie de l’expression « n’en faire qu’à sa tête »
La locution est signalée dans sa forme actuelle pour être utilisée pour la première fois au XVe siècle. Mais elle fut employée à travers une autre tournure bien avant cette époque. En effet, c’est la forme « faire de sa teste » qui était en usage. Celle-ci signifiait précisément « se déterminer soi-même ». Comme on peut le remarquer, cette formule ne contenait pas encore la méprise de bons conseils attachée au sémantisme de « n’en faire qu’à sa tête ». On peut la rapprocher avec cette autre locution : « en faire à sa guise », avec laquelle elle a un lien de synonymie.
Un exemple d’emploi
Dans la pièce de théâtre Le Sexe faible d’Édouard Bourdet, on rencontre une belle illustration de notre expression. Voici le dialogue où se trouve utilisée la locution :
« Jimmy : Je ne pouvais pas prévoir que nous allions tomber là-bas sur le Francesco aux aguets ! Isabelle : Mais le Francesco n’aurait pas compté si tu étais resté comme je le voulais ! Tu n’en fais jamais qu’à ta tête ! Tu vois le résultat ? »
Apparemment, n’en faire qu’à sa tête ne rapporte, on dirait bien, que des déconvenues.
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Voici encore une expression toute faite. Elle l’est en ce sens qu’elle se suffit à elle-même et qu’elle est une phrase complète. Et c’est aussi une formule que l’on entend très souvent. On se propose de l’examiner dans cette petite présentation.
Un point sur l »orthographe
D’abord, une mise au point orthographique. Même si ce nom s’écrit exactement de la même manière que le substantif qui désigne cette maladie que vous connaissez très bien, celle-ci n’est pas l’objet de notre expression. On parle effectivement de goutte d’eau, et pas d’autre chose. La locution s’utilise pour indiquer un incident qui vient s’ajouter au reste et qui crée une situation intolérable, difficile à vivre.
Origine de la locution « la goutte d’eau qui fait déborder le vase »
On comprend bien à travers cette locution la référence à une coupe pleine et qui engendre une situation désagréable si on y ajoute une autre quantité, même insignifiante, du liquide qu’elle contient. Dans sa forme actuelle, l’expression se rencontre pour la première fois sous la plume de l’auteur du Rouge et le Noir. Mais avant Stendhal, la patronne du genre épistolaire au XVIIe siècle utilisait déjà la locution. En revanche, au lieu de vase, Madame de Sévigné parlait de verre. C’est la formule d’Henri Beyle qui s’est imposée dans l’usage.
Un exemple
On retrouve dans le roman Tête contre les murs d’Hervé Bazin un emploi bien ironique de notre expression. Appréciez plutôt par vous-même : « Chaque journée tombait comme une goutte d’eau. Chaque goutte semblait prête à faire déborder le vase. Mais le vase grandissait en même temps que son contenu. C’était maintenant une jarre immense, une de ces jarres que les nègres du Tchad emploient pour enterrer leurs morts. »
Comme on le voit, les gouttes d’eau n’ont jamais réussi à faire déborder le vase !
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La locution adverbiale « à tue-tête » accompagne habituellement les verbes chanter, crier ou parler, car elle se rapporte toujours à la voix humaine. On se propose de revenir sur le sens de cette expression et son apparition en français.
Signification de l’expression
« À tue-tête » signifie avec toute la puissance de la voix. « Chanter à tue-tête » revient donc à produire des mélodies en élevant la voix à son niveau le plus élevé. Il en est ainsi de « crier à tue-tête » qui signifie le fait de pousser fortement un cri.
Étymologie de la locution verbale « chanter à tue-tête »
L’expression vit le jour à une période où le verbe « tuer » n’avait pas le seul sens qu’on lui connaît aujourd’hui. C’était au siècle de la Renaissance. Quand on employait ce verbe en ces années lointaines, cela pouvait traduire le fait d’enlever la vie à une personne. Mais il était également synonyme d’exténuer ou de fatiguer. On comprend alors qu’une personne puisse vous infliger une fatigue extrême lorsqu’elle chante très fort près de vous. Apparue donc au XVIe siècle, l’expression n’a rien perdu de son archaïsme. Cependant, elle est d’un emploi vivace dans la langue contemporaine, contrairement à d’autres locutions forgées de la même manière à l’instar de « à tue-chevaux », une autre manière de dire très vite, qui a simplement disparu.
Un exemple
Cette citation extraite du roman L’Enfer d’Henri Barbuse illustre parfaitement notre expression. La réalité évoquée n’a rien de plaisant certes, mais elle a l’avantage de bien coller au sens de la locution. Voici cet exemple : « Il s’agissait d’un homme qui avait égorgé une fillette en même temps qu’il la violait, et qui, pour qu’on n’entendît pas les cris de la petite victime, chantait à tue-tête. »
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le titre du livre est bien trouvé.
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Vous vous demandez ce qu’on veut bien dire lorsqu’on emploie ce dicton ? On vous explique tout dans cette petite présentation. Au ras des pâquerettes, qu’est-ce que c’est donc ?
Sens de la locution
On utilise cette locution adverbiale pour signifier que quelque chose est sans intérêt, que c’est de peu d’importance. L’expression peut se rapporter aussi bien à une notion abstraite qu’à une situation concrète. Mais le plus souvent, c’est sous sa forme imagée que la formule manifeste toute sa splendeur. Un comportement au ras des pâquerettes est une attitude moralement basse. Sur l’échelle des valeurs, une telle attitude se situerait même en dessous de la dernière marche.
Étymologie de l’expression « au ras des pâquerettes »
L’image qui donne corps à cette expression saute aux yeux, pour peu que l’on sache ce que c’est qu’une pâquerette. Il s’agit d’une plante qui pousse dans les prés durant la période de Pâques. Elle a la particularité d’être de petite taille, et c’est justement ses modestes proportions qui fondent la métaphore à l’œuvre dans l’expression. Comme les pâquerettes sont très proches de la terre, ce qui est au ras des pâquerettes est forcément de peu d’envergure. Retenons tout simplement que la locution trouve son origine dans cette image construite autour de la hauteur de cette plante.
Une illustration
Le quotidien montréalais Le Devoir est bien connu pour ses traits d’humour. On va encore le constater avec cet extrait de son numéro du 21 août 2003. On y lit en effet ce passage : « S’il vous plaît, monsieur le politicien… avant de demander encore quelques centaines de millions à qui que ce soit, ayez l’obligeance de vous pencher un peu et de regarder au ras des pâquerettes pour voir s’il n’y aurait pas moyen de faire mieux avec ce qui existe déjà. »
Spirituel, n’est-ce pas ?
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